Les gouvernements africains sont pressés de réévaluer leur approche de la migration, au-delà de la simple considération des envois de fonds.
Selon un rapport conjoint de l’Union africaine (UA) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la migration africaine atteint un sommet, touchant plus de 40 millions de personnes, soit 3% de la population du continent.
Ce qui inquiète particulièrement, c’est la fuite des cerveaux : les professionnels hautement qualifiés quittent l’Afrique en masse.
Dr Scott Firsing, spécialiste en relations internationales, souligne que la fuite des talents africains vers des économies développées comme la France, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada est en hausse, un phénomène accentué par la pandémie de COVID-19. Par exemple, le Royaume-Uni accueille désormais plus d’infirmières ghanéennes que le Ghana lui-même.
La France, quant à elle, attire activement les professionnels de la santé africains. Un permis de résidence spécifique, le « passeport talent santé », a été instauré pour faciliter l’arrivée de médecins, chirurgiens-dentistes, pharmaciens et infirmiers étrangers. Cela reflète un besoin urgent en personnel médical, comme le souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui indique que 40 pays d’Afrique subsaharienne, soit environ 80% du continent, souffrent d’une pénurie de personnel médical.
Face à cette réalité, l’UA préconise une approche stratégique pour la migration, axée sur la mobilité des professionnels à travers le continent, notamment en mettant en œuvre l’Accord de libre-échange continental africain (ZLECAf) et en développant un passeport africain. Malgré les défis liés à la mise en œuvre de cet accord, tels que les procédures douanières complexes et la peur des travailleurs étrangers, une meilleure reconnaissance des qualifications et un investissement dans le développement des compétences sont nécessaires pour favoriser la mobilité intra-africaine.
Le débat sur la « fuite des cerveaux » africains ne fait que commencer. Bien que certains voient la diaspora africaine comme une perte de capital humain, d’autres estiment qu’elle représente un potentiel de puissance douce et intelligente. Les questions restent ouvertes : les universités africaines forment-elles des professionnels destinés à résoudre les problèmes de développement du continent ou à travailler à l’étranger ? Avec des défis persistants tels que la pauvreté, les conflits et les changements climatiques, l’exode des professionnels africains vers des pays offrant de meilleures opportunités économiques et de paix semble inévitable, mettant en lumière la nécessité d’une réflexion approfondie et d’une action concertée de la part des institutions africaines et des partenaires internationaux.
Source : university world news